Jan 302012
 
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Faut-il brûler PowerPoint ?
Chronique publiée le 30.01.2012 sur Le Journal du Net

Après une longue carrière dans la presse financière et dans le conseil en communication, Gilles Prod’homme, a développé une nouvelle approche du management et du leadership à partir de la philosophie. Il a publié une dizaine d’ouvrages sur le management, le développement personnel et la philosophie (Dunod, Eyrolles). Aujourd’hui, il intervient comme consultant et formateur ISRI, auprès d’un public de décideurs.
Philosophie Gilles Prod'Homme isri franceL’auteur
Gilles Prod’Homme,

philosophe
journaliste
consultant-formateur en management


La critique des fondamentaux du management et de ses outils a récemment trouvé une nouvelle illustration avec la remise en cause de la surexploitation de PowerPoint. Le réflexe qui nous pousse à employer le célèbre logiciel de Microsoft, s’avère riche d’enseignements. Décryptage.

Des top managers aux étudiants, l’usage systématique des « slides » a construit une véritable matrice mentale aujourd’hui partagée par des centaines de millions d’êtres humains.

L’épisode qui a eu les honneurs d’Internet pendant des semaines, illustre à merveille les dérives d’une utilisation non maîtrisée, c’est-à-dire non pensée, du fameux logiciel de présentation du pack Microsoft :

En 2010, le New York Times, sous le titre, « Nous avons rencontré l’ennemi et c’est PowerPoint » présentait les remarques narquoises, voire franchement hostiles, de membres du haut commandement en charge des forces de l’OTAN déployées en Afghanistan. Face à l’accumulation de présentations PPT toujours plus nombreuses et surtout, truffées de schémas devenus illisibles à force de complexité, les militaires ont parlé sans langue de bois : « Lorsque nous aurons compris ce slide nous aurons gagné la guerre », « PowerPoint est en train de nous rendre complètement idiots »,  « L’utilisation de Power Point à outrance est dangereuse car elle donne une illusion de contrôle sur une situation donnée».  Je renvoie les lecteurs intéressés, au blog du journaliste Francis Pisani.

Le PowerPoint « pollueur » c’est toujours celui… des autres

Ces propos en disent long sur l’exaspération, pour ne pas dire plus, des décideurs (en l’occurrence des militaires) sur la pandémie de « diapositivite » qui sévit sur nos ordinateurs. Les victimes, ou supposées telles, souhaitent identifier les responsables. Parmi les cibles visées : l’hégémonie de Microsoft cherchant à imposer ses standards informatiques, les consultants, incapables d’aligner trois phrases sans infliger à leurs auditeurs une batterie de schémas, les experts, les ingénieurs, les publicitaires, les responsables marketing, bref, tous ceux dont le métier repose pour partie sur la conviction par l’argumentation. Exception notable : jusqu’à présent, aucun responsable politique n’a eu l’idée de manipuler PowerPoint pour exposer ses  idées à la presse.

Évidemment, la grogne naît du trop-plein, exactement comme l’abus de chocolat conduit invariablement  à la nausée. A cet égard, force est de constater que nous sommes tous responsables.

En clair, les « victimes » de l’inflation de PowerPoint l’exploitent également sans vergogne. Et il en va de la manie du PowerPoint comme de l’obsession du reporting : on supporte difficilement le soi-disant excès de schémas, de tableaux et de matrices de ses collaborateurs, mais on a soi-même la main lourde quand on produit une présentation ou un rapport, qu’autrui jugera tout aussi insupportable.

Pour revenir à l’exemple cité au début de cette chronique, certains généraux américains ont osé jouer la rupture en interdisant purement et simplement le recours à PowerPoint lors de certaines réunions de travail. Attitude radicale, dont les managers devraient toutefois s’inspirer. Comment ? Tout simplement,  en établissant une authentique cartographie des réunions avec ou sans PPT. Et en ayant la ténacité de faire respecter les bonnes résolutions prises.

Obstacle à la communication dans certains contextes, un slide construit pour éclairer – et non pour impressionner – peut, à d’autres moments, favoriser la réflexion. Et puis, un slide peut être parfaitement iconoclaste ! Tout comme dans un film bien construit, une virgule sonore vient souligner l’importance de l’action en cours, un slide intelligent peut faire ressortir une idée féconde.

Seul problème : le « PowerPoint management », autrement dit, l’apprentissage de la gestion intelligente des diapositives, ne figure pas encore au catalogue des compétences attendues chez un manager.

Une fois posé ce cadre, il devient possible d’éliminer une série de faux problèmes :

La crainte du « formatage mental » ne vaut que pour ceux qui ont déjà abdiqué l’exercice de la réflexion personnelle. Les autres prennent PPT pour ce qu’il est : un outil, d’ailleurs excellent, mais rien d’autre. En pratique, il faut prendre une bonne fois pour toutes la décision, car c’en est une, de ne plus se laisser impressionner par l’effet de masse. Les auteurs d’études et autres rapports travaillant au sein d’officines, cabinets, groupes de pression et autres think tanks, entassent, chacun le sait, tableaux abscons et renvois de notes superfétatoires. Mais une fois retiré l’habillage que reste-t-il ? Telle est l’unique question à se poser.

Privilégier l’audace d’une pensée réellement personnelle

Enfin, lorsqu’on est soi-même l’émetteur du contenu (étude, présentation…) l’autre interrogation essentielle à envisager froidement est la suivante : « Pourquoi est-ce que je ressens le besoin de rajouter une cinquième diapositive, alors qu’en mon for intérieur, je sais que trois suffisent amplement ? ». Si la tentation du quantitatif vous taraude, c’est que vous êtes en passe de transformer l’outil en prothèse. Et que vous avez passé par pertes et profits, l’incontournable dialectique au cœur de tout acte de communication :

message/médium, contenu/contenant (…).

Les traditions mystiques d’Orient et d’Occident affirment que l’intellect est certes un bon serviteur mais toujours un mauvais maître. La remarque s’applique à merveille à nos chers fichiers PPT.

En conclusion, ce n’est donc pas PowerPoint qu’il convient de brûler, mais bien plutôt une forme de paresse intellectuelle qui nous fait préférer un usage irraisonné de l’outil, à l’audace d’une véritable réflexion personnelle. Attitude par définition plus exigeante.

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  29 réponses sur “faut-il brûler powerpoint ?”

  1. Michel Henric-Coll« En conclusion, ce n’est donc pas PowerPoint qu’il convient de brûler, mais bien plutôt une forme de paresse intellectuelle qui nous fait préférer un usage irraisonné de l’outil, à l’audace d’une véritable réflexion personnelle.  »
    Tout à fait d’accord. Le mauvais usage d’un outil n’invalide pas l’existence de l’outil.

  2. Gartei BidonisSi j’ai bien lu l’article, l’auteur conclut :
    « …ce n’est donc pas PowerPoint qu’il convient de brûler, mais bien plutôt une forme de paresse intellectuelle qui nous fait préférer un usage irraisonné de l’outil, à l’audace d’une véritable réflexion personnelle. Attitude par définition plus exigeante. »
    Ce qui rejoint mon idée.
    Pour le coup, j’ai des tas de questions qui m’assaillent : à quel moment connaître la limite sur le nombre de mes slides ? A partir de quels critères dois-je considérer mon slide trop chargé ? Bref, quelle est la limite à ne pas franchir, tant pour ne pas importuner le destinataire, que pour moi, qui considèrerai PPT, non plus comme un outil, un support, mais comme une prothèse à ma paresse ou mon incompétence ?
    Il est une piste lumineuse que j’ai relevé dans la conclusion de l’auteur. En effet, il propose finalement une réflexion sur nous-mêmes, nous, avec notre ego, qui pensons que ce que nous faisons, disons, cogitons est la panacée ; tellement sûr de nous que nous considérons, par exemple, nos slides intéressants sans imaginer que les autres le considèreraient comme pollueurs.
    Cette piste appelle les valeurs, l’éthique, ainsi que la communication.
    A vous lire

  3. Sylvie GIGANTBonjour à tous. Trop de chocolat crée l’indigestion… Je suis souvent agacée voire pire, de constater que nous assistons régulièrement à ce type de cycle : surconsommation-dégout-poubelle. En toutes choses. Je vous propose donc de ne pas brûler Power-Point qui est un très bel outil. De personnaliser nos présentations et de les rendre créatives et affectives. D’en confier la réalisation à des gens cultivés, aussi. Et de savoir parfois l’oublier, pour mieux le retrouver. Jouer finement la partition, donc ! Pour donner une idée concrète : on compte 12 SLIDES POUR 45 MINUTES soit une diapositive environ toutes les 4 minutes. Le test proposé par Dominique Steimié est nécessaire. APRES L’INTERVENTION : Envoyer un SUPPORT NUMERIQUE reprenant les points importants de l’intervention – Les slides de présentation complétées, par ex ou un enregistrement audio. AVANT L’INTERVENTION : Prévenir les participants de l’envoi du support numérique pour qu’ils mobilisent leur attention et ne passent pas leur temps à noter. DURANT L’INTERVENTION : Faire une présentation vivante qui capte l’attention ( humour, bons mots… ). Savoir clore l’intervention par une phrase, une pensée d’auteur, une idée, un mot qui marque. POWER-POINT est un merveilleux outil qui ne présage nullement de sa créative-utilisation. Il en va de même d’une caméra de cinéma ! Belle journée à vous.

  4. Catherine FELIXj’adhère pleinement à ces recommandations de Sylvie. Il m’arrive de digresser à partir d’un slide et de lancer un débat .. la plupart du temps les étudiants décrochent assez vite d’un PPT . Les slides ne doivent pas être trop chargés en texte. J’utilise beaucoup les images et les shémas pour soutenir l’attention, mais rien ne remplace, me semble t’il, le face à face et la discussion autour d’une idée.. c’est en général ce que les étudiants retiennent ( les adultes en formation ne réagissent pas très différemment). On peut vois dire  » merci pour le cours » mais rarement  » ce power point est une merveille ! »
    bien à vous tous et bonnes expériences.

  5. ISRIC’est un outil très pratique qui offre un large panel de possibilités au niveau des animations, puisque l’on peut insérer de la musique, des extraits vidéos et avoir une dynamique au niveau des graphiques en intégrant des mouvements d’éléments. Il faut savoir l’utiliser comme un véritable outil de communication et suis bien contente de ne plus avoir de transparents à faire…

  6. Patrick NEVEUComme si un outil était dangereux en lui même …
    C’est pas l’outil qui faut brûler mais son …
    Mais là, c’est pas politiquement correctement. Mieux vaut s’en prendre à l’outil 😉

  7. Bonjour, oui je trouve ce sujet intéressant et important. le support PPT me semble en effet une sorte de « prothèse » ou de « masque » plus en rapport avec l’idée que « la moitié du travail a été faite » + « ne pas le montrer » + « évite le face à face direct avec le public » + « se montrer très fort ».
    – la moitié du travail a été fait : le premier travail sur PPT permet néanmoins une première synthèse, en ce qu’il nous oblige à ordonner les idées, faire des priorités, des sous chapitres, des titres et je trouve que c’est une excellent travail et que la forme PPT y est très propice. Mais il me semble que plus on travaille dessus et justement plus on s’approprie le sujet et plus on enlève d’informations et plus on est synthétique. On ne fait que trop souvent la première partie du travail… la deuxième partie , l’elaguage n’est pas faite si souvent … elle se fait au fil du temps quand lePPT sert à plusieurs présentations.
    – « masque » en effet ce ma,que de travail (vous parlez de paresse! et je suis d’accord), et donc le doute, l’incertitude et la peur que cela se voie… en tous les cas, cela fait perdre confiance en soi.*
    – enfin, si on invite le public à regarder le ppt en même temps le public ne nous regarde pas. il n’y a pas de contact avec le public… c’est ennuyeux ! contre pruductif et frustrant mais… pour ceux qui n’ont pas confiance en eux, c’est un bon moyen d’évitement. il y a dans ce chapitre aussi les débutants et aussi ceux qui sont timlides ou qui n’ont que peu d’expérience (formation) à la prise de parole en public.
    – enfin, le contenu envahissant : évite également le contact direct entre orateur et public mais il peut aussi donner l’impression à l’orateur de « beaucoup donner » et/ou d’être très savant.
    – formation : on peut toujours s’améliorer…
    je vous recommande « The STORY BOARD approach » advances techniques for preparing effective visual presentations. Marcel Dunand et Kerry Choun.
    Bonne journée

  8. ISRIUn diaporama correctement fait doit comporter très peu de texte, cela reste avant tout un outil qui permet de projet des éléments courts qui résument une idée afin de faciliter ensuite les échanges. Même dans le cadre d’une présentation formelle avec des données chiffrées par exemple, je préfère donner sous format papier l’ensemble des chiffres et présenter en diaporama, l’analyse sous forme de tableau ou autre. Sans abuser des animations qui peuvent tuer le message, il y a beaucoup de chose à faire avec cet outil.

  9. Alain DemersL’utilisation (ou plutôt la sur-utilisation) de PowerPoint vient selon moi d’un sentiment d’accomplissement. PowerPoint dès le début à été associé à une certaine élite/réussite de gens d’affaires et les gens qui utilisent ce logiciel ont le sentiment de faire partie de ceux qui réussisse. Combien de fois j’ai entendu « Hey, j’ai fais un PowerPoint », « Han, t’as tu vu mon PowerPoint ». Le PowerPoint est un peu un aide mémoire suite à une présentation et aussi un capteur d’attention lors d’une présentation.
    Plus que jamais, les compétences du présentateur est beaucoup plus importante lors d’une présentation que l’outil d’appoint que PowerPoint est en fait.

  10. Marie-Ève BaronNon, on ne brûle rien! Mais on met de l’emphase sur d’autres outils. Perso, j’ai découvert Prezi que j’ai adorée mais j’en conviens, à ne pas mettre entre les main d’un néophyte. J’ai commencé à donner un cours de Prezi dernièrement. C’est définitivement un outil génial pour présenter mais si il devient trop populaire, on aura un autre article titré: « Faut-il brûler Prezi? »
    my 2 cents

  11. Bonjour,
    Je suis totalement en accord sur le ‘papier’ de Gilles Prod’Homme.
    PowerPoint, n’est à la base qu’un support. Donc un soutien à la transmission de l’information visant à la renforcer.
    L’utilisation de PowerPoint n’a de sens que si les slides sont projetées. Elles ne sont en aucun cas des supports écrits.
    Cet outil de communication est utilisé mal à propos.
    PowerPoint est à l’entreprise, ce que les inserts (ou habillages) sont à la réalisation d’une émission de TV. Une mise en forme complémentaire.
    PowerPoint n’est pas le fond, il n’est qu’une partie de la forme.
    Je rejoins Gilles Prod’Homme et Michel, c’est la paresse intellectuelle qui explique sa sur-utilisation, et donc très mauvaise utilisation.
    Certes les progrès techniques apportés sont très intéressants, pour celui qui sait les utiliser.
    Mais avant d’ouvrir PowerPoint, il serait bon que les formateurs à cet outil vérifient que l’utilisateur connait son message et en quoi PowerPoint peut le renforcer.
    Philippe MANDON (Trusted Advisor – Strategic Project Facilitator)

  12. Christian EspinosaPardon de le dire ainsi, rien de critique, dans mon propos, une simple observation à peine ironique : PowerPoint est un »marronnier » omniprésent dans les discussions Linkedin. Il a au moins ce mérite (ou ce défaut) : en emplir l’espace.
    « Trop d’impôts tue l’impôt », « Trop d’assistanat tue autonomie et responsabilité », « Trop de réglementation tue la réglementation », « Trop d’Etat rend l’Etat mortifère » et, pour continuer la série, « Trop de PowerPoint (ou de ses clones) tue PowerPoint, et fait, au moins, quelques victimes collatérales (les gens à qui on inflige le supplice) ».
    Il est des contenus qui, plus que d’autres, légitiment certainement l’utilisation de ce produit et certains où son utilisation outrancière a le même effet que la moutarde venant parfumer la crème chantilly.
    Le fabricant de cette prothèse du présentateur, formateur, manager, conférencier, … (Microsoft, non ?) devrait le livrer comme un produit pharmaceutique, avec une notice indiquant les effets indésirables :  » Plus de tant de « slides » à l’heure (ou après les repas) provoque somnolences chez 85% des sujets et léthargies et vomissements dans plus de 15% de cas ».

  13. « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément », selon Boileau. « Sinon, on lit ses « slides », selon moi.
    Quand nous avons découvert l’audio-visuel (avant Power Point) il y a une cinquantaine d’années, nous avions réalisé que le visuel, ajouté au message audio renforçait la compréhension. Ceux qui utilisent Power Point sans comprendre ce principe fondamental utilisent l’outil sans le comprendre et produisent de l’interférence plutôt que du renforcement.
    Je ne crois pas qu’il faille brûler PP mais plutôt faire griller ses utilisateurs abusifs et enseigner aux autres son utilisation parcimonieuse et pertinente. Le principal problème de PP, à mon avis, s’est sa trop grande facilité « d’utilisation naïve » par des gens très intelligents d’autre part.

  14. Damien RaczyCe qui me semble surréaliste, c’est que trop souvent les gens apprennent à se servir du logiciel mais n’apprennent pas à structurer une présentation. Ou quand ils apprennent à faire une présentation, ils focalisent plus sur des astuces qui permettent d’obtenir un effet visuel plutôt que sur les principes fondamentaux (plans types, profils d’auditeurs/apprenants, stratégies de conviction, etc.).

  15. Jodie DUVOINGJe me demandais quand même si l’auteur, dans cet article, ne souhaitait pas viser plutôt notre manière de faire et d’être par rapport à cet excellent outil ? En effet, ne conclut-il pas :
    « En conclusion, ce n’est donc pas PowerPoint qu’il convient de brûler, mais bien plutôt une forme de paresse intellectuelle qui nous fait préférer un usage irraisonné de l’outil, à l’audace d’une véritable réflexion personnelle. Attitude par définition plus exigeante. »
    Il me semble qu’il appelle à une réflexion sur soi. Démarche qui ne devrait pas nous surprendre quand on voit qu’il est philosophe.
    C’est quand même interrogeant cette manière que nous avons à remplir des diapos, à vouloir tout y mettre, ou du moins à vouloir en mettre un maximum comme si nous étions paresseux. Et surtout, comme le dit l’auteur, à croire que nous ne sommes pas comme cela, et que c’est toujours le diaporama des autres qui est pollueur !
    Non, non, vraiment je crois que l’auteur nous invite à une introspection !
    Qu’en pensez-vous ?

  16. Dominique Roucher de RouxLa question qui est posée est la suivante : peut on convaincre dans l’univers professionnel sans étayer son argumentaire sur des slides ? J’ai tendance à penser que c’est difficile, surtout si on veut laisser des traces de son argumentation. A cet égard, la comparaison avec les politiques est édifiante : que restent il de leurs discours ?

  17. Soulairol Jean-Marc (ISRI)La plupart d’entre nous sommes d’accord : l’outil n’est pas à brûler ; ce n’est qu’un outil !
    Il s’agit bien de réfléchir sur celui qui utilise, use ou abuse de cet outil qu’il faut pointer. Autrement dit : SOI ! D’ailleurs l’auteur conclut son article dans ce sens, comme le rappelle très justement Jodie :
    « En conclusion, ce n’est donc pas PowerPoint qu’il convient de brûler, mais bien plutôt une forme de paresse intellectuelle qui nous fait préférer un usage irraisonné de l’outil, à l’audace d’une véritable réflexion personnelle. Attitude par définition plus exigeante. »

  18. Thierry MACHICOANETrès intéressant ce débat !
    Je vous rejoins totalement, car, en l’occurrence l’outil ne me semble nullement en cause !
    PowerPoint n’est finalement que le symptôme d’un mal fort répandu parmi ses utilisateurs, à savoir le manque de compétence rédactionnelle et oratoire, pour ne pas dire la médiocrité.
    Réaliser une présentation professionnelle et digne de ce nom est un métier en soi !
    Art de la synthèse, sens de l’accroche et de l’à-propos, choix des représentations, enchainement, rythme, références …
    Une fois de plus, la vision de Saint Exupéry est salutaire : « la perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à enlever » !
    Diapositives trop nombreuses (plus de 6 à 8 par heure), surchargées de texte (plus de 4 à 5 points clés), schémas trop complexes (plus de 7 objets) … et nous sommes en présence d’une mauvaise présentation !
    Et pour terminer, ce ne sont pas « les mauvais ouvriers ont de mauvais outils« , mais les « bons ouvriers ont toujours de bons outils« , ce qui ne signifie pas la même chose !

  19. Francois DesellePowerpoint est un excellent outil pédagogique. L’hérésie est de croire qu’on a fini de préparer une formation quand on a fourré tout son contenu dans une présentation.
    Effectivement, rien de plus soporifique que le pseudo-formateur qui se contente de lire son ppt, qu’il n’a parfois même pas conçu lui-même. Parfois même, il ne l’a même pas compris.
    Pardon de revenir aux fondamentaux, mais l’idole Powerpoint n’est que le signe d’une autre idole : le contenu.
    Un formateur doit être centré sur ses apprenants, non sur son contenu.
    Celui qui se fait piéger par ppt ne fait que se laisser tenter par une tentation (parmi tant d’autres) d’oublier ce principe élémentaire.

  20. ISRIl’intérêt d’utiliser les diaporamas, c’est que cela donne un support visuel au discours, qui va permettre de capter justement les personnes qui sont plus visuelles qu’auditives.
    Pour répondre à Jodie, une introspection pour nous amener à réfléchir sur l’utilisation de cette outil, pourquoi pas ? mais à mes yeux ce n’est pas une paresse pour palier au manque d’audace d’une réflexion personnelle vu que c’est outil permet de transmettre des informations qui normalement, ont été traitées en amont.
    Faire un bon diaporama, cela prend beaucoup de temps car il faut être capable de synthétiser en quelques mots l’essentiel des idées qui seront présentées et développées à l’oral. Ce n’est pas un exercice simple, il s’avère même plus compliqué qu’un dossier écrit que l’on remet aux participants d’un séminaire….

  21. Damien RaczyA la question peut on se passer de slides pour communiquer ? je pense que la réponse est probablement non, car il y aura toujours un moment ou le slide sera le plus approprié. Mais cette situation est-elle si fréquente?
    Car il y a des tas d’occasions de procéder différemment et utiliser d’autres moyens. Pour ma part, j’adore utiliser les tableaux de papier. Cela me permet non seulement d’être plus interactif, mais également d’en afficher plusieurs en parallèle en les fixant aux murs. Sinon, j’utilise aussi les possibilités tactiles des écrans modernes pour écrire et dessiner…
    Et la question ne me semble pas être de savoir si tel ou tel outil est indispensable mais plutôt de déterminer quelle sera la modalité la plus appropriée en fonction de mon état d’esprit, de mon objectif, de l’état d’esprit des participants, des possibilités techniques de l’espace-temps de la réunion…
    A titre d’exemple, si je fais une réunion avec skype, l’utilisation de slides peut être tentante. Mais l’utilisation conjointe du partage d’écrans, d’un logiciel de dessin à main levée et d’un stylet est diablement efficace. Et lorsqu’on retranspose cela à un espace plus classique comme une salle de réunion avec un video projecteur, on parvient à avoir les avantages du papier et de powerpoint.
    On remplace alors la notion de slide par celle de flipchart, et tout change, ouvrant de nouvelles perspectives. Et c’est le flipchart virtuel et interactif qui semble alors devenir la référence incontournable.

  22. Est-ce le bourreau ou le couteau qu’il faut juger ?

    • Dosda Sylvain (ISRI)S’agissant du couteau ou du bourreau, j’aurais tendance à dire, selon l’angle de vue : les deux ou aucun des deux.
      En effet, soit le bourreau est un exécutant dépersonnalisé, auquel cas sa responsabilité peut être mise en doute, même s’il fait ce métier pour le pouvoir, le prestige… (pour lui, bien entendu !). Le couteau se trouvant dans le même cas, d’un simple outil dénaturé.
      Dans ce cas, aucun des deux n’est à juger.
      Soit le bourreau est un exécutant conscient et le couteau un instrument dont la finalité est de couper. Auquel cas, les deux peuvent éventuellement être jugés.
      Au fond, n’est-ce pas celui qui a décidé de la sentence qui devrait être jugé ?

  23. Une bonne présentation est une bonne histoire que votre auditoire va se souvenir.
    Le texte, les images et la vidéo sont des accessoires pour soutenir l’histoire et captiver l’auditoire du début à la fin…de la présentation. Malheureusement, certains présentateurs ou formateurs utilisent PowerPoint comme aide-mémoire, ce qui donne une série de diapo-documents.
    Au cours des dernières années, j’ai vu d’excellentes présentations sur SlideShare ou Prezi.
    Il faut apprendre à maîtriser l’art et la technique d’une bonne présentation. Je vous suggère l’excellent livre : L’art des présentations PowerPoint de Bernard Lebelle aux Éditions Eyrolles. Vous pouvez même télécharger le premier chapitre sur le site de l’éditeur.
    Sinon, il ne vous reste plus qu’à regarder Death by PowerPoint :

  24. Le piège avec ppt. est qu’il a un côté ludique et offre d’immenses possibilités techniques.
    Si dans un cadre professionnel, nous perdons de vue que l’objectif est de faire une présentation (dans le sens profond du terme), nous nous laissons aller vers un « spectacle » au détriment du fond.
    S’entraîner et faire une simulation avec des cobayes peuvent aider à nous remettre sur les rails.

  25. Gilles ZICRYPowerpoint est un outil comme les autres mais, mal maitrisé, il s’avère plus néfaste qu’efficace. La technique est la même, selon moi, qu’ avec le rétro-projecteur et ses fameux transparents : les informations obéissent à certaines règles.
    De plus, élaborer une présentation est parfois très chronophage par rapport à l’effet désiré.
    La tendance, et c’est un bien, est comme pour les sites, les interfaces, etc., au minimalisme.
    Nous avons, et c’est encore plus grave en formation je pense, une fâcheuse tendance à penser que les nouvelles technologies vont venir au secours d’une formation défaillante.
    Dans un registre assez proche, ce n’est pas avec des tablettes ou des écrans interactifs qu’on va résoudre les problèmes d’échecs scolaires : trop de « technologie » ou mal employée est, à mon avis, néfaste et pollue en quelque sorte le message.

  26. Louis LEVYJ’ai beaucoup évolué dans mon utilisation de PPT. Je me sers surtout de cartes mentales, en l’occurrence, Mind Manager mais Xmind fait aussi bien l’affaire. Mais projeter quelques diapos en illustration ou pour préciser une information est très utile en formation.
    Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Des liens ouvrant sur quelques diapos en mode PPSX sont très utiles et rendent le discours très fluide dans mon expérience. Cela permet de revenir sans délai ni rupture à la carte mentale de présentation. Par ailleurs on peut morceler autant qu’on veut une présentation et présenter ou non telle ou telle diapo à la demande pour s’adapter à l’auditoire.
    Je rejoins totalement les propos de ceux qui disent qu’un outil n’est ni bon ni mauvais tout dépend de l’usage que l’on en fait !

  27. À la lecture de votre titre, je croyais que nous étions, une fois de plus, devant une bête critique de l’outil PowerPoint. Vous m’avez bien eue! 🙂
    Je me réjouis de lire de nombreux commentaires mentionnant que l’efficacité d’un outil dépend de l’usage qu’on en fait. A-t-on déjà vu les médias s’en prendre aux fabricants de voitures pour les accidents causés par les mauvais conducteurs? 😉
    Au lieu de chercher le saint Graal de la présentation, prenons le temps de mieux planifier et structurer le message de nos présentations, tout en réfléchissant aux besoins et aux attentes de notre auditoire. Il deviendra alors plus facile de déterminer quelle méthode ou outil de présentation sera le plus adapté.
    Dans toute présentation « moins, c’est mieux » : moins de texte, et choisir soigneusement notre contenu plutôt que tout inclure. Tout comme Louis, j’aime bien utiliser davantage d’interactivité et morceler mon contenu, mais je le fais directement dans PowerPoint à l’aide des multiples fonctions disponibles (hyperliens, déclencheurs, diaporamas personnalisés, etc.).
    Je suis d’accord avec vous que la réflexion doit être ramenée à l’utilisateur. Dans la culture actuelle de l’instantané, on oublie trop souvent que pour être efficace et inspirant, cela prend du temps. On doit prendre plus de temps de réflexion et de préparation si on veut se démarquer lors de notre prochaine prestation. Bien des gens me disent qu’ils n’ont pas le temps de planifier le contenu, réfléchir à une conception efficace et pratiquer. Ce à quoi je réponds: pourquoi alors prendre le temps de « faire un PowerPoint » voué à l’échec qui causera plus de tort et de pertes de revenus?
    Finalement, pour répondre à deux questions lues ci-dessus…
    « à quel moment connaître la limite sur le nombre de mes slides ? »: la présentation ne devrait pas être déterminée en termes de nombre de slides, mais bien en quantité de contenu. Idéalement, demandez-vous quels sont les 3 points importants à être retenus par votre auditoire et quels sont les éléments visuels qui ajoutent à votre discours. Règle générale, je conseille aux gens de préparer du contenu pour seulement 75 % du temps qu’il leur est alloué.
    « A partir de quels critères dois-je considérer mon slide trop chargé ? » Une règle intéressante énoncée par ma consoeur Nancy Duarte est la règle du 3 secondes. Si vous affichez votre slide pour 3 secondes, est-il possible d’en capter le message? Si une personne qui n’a jamais vu votre contenu répond non à cette question, votre slide est trop chargé. Brutal comme méthode, mais très efficace.