Sep 032012
 
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ANALYSE
DES PRATIQUES
PROFESSIONNELLES

Analyse des Pratiques Professionnelles - Rouages photo

Comment fonctionne une Analyse des Pratiques Professionnelles ?

Analyse des Pratiques Professionnelles - Histoire - Balint PhotoLes groupes d’Analyse des Pratiques Professionnelles ont été institués par Michael Balint (photo ci-contre) dans les années 1960. Ils constituaient, au départ, un outil réflexif de développement des pratiques relationnelles des médecins entre eux et surtout entre les médecins et les patients. Balint postulait que ces pratiques relationnelles médecins/patients participaient à la guérison lorsqu’elles dépassaient la simple relation professionnelle.

 

Contexte

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Aujourd’hui l’usage de l’Analyse des Pratiques Professionnelles s’est étendu à un grand nombre de champs, notamment à celui de la formation pour adultes et du management. Même si elle se réfère encore explicitement à des théories issues de la psychothérapie, elle s’en distingue parfois lorsqu’elle permet de mettre une certaine mise à distance des vécus douloureux. En effet, désormais, ces temps de réflexion sur ses pratiques sont plutôt consacrés à l’exploitation des vécus (et ressentis) des praticiens dans l’usage de leur profession ; même si ces vécus incluent toujours les relations..

Qu'est-ce qu'une analyse des pratiques professionnelles ?

Dossier Changement Définition ISRIQu’est-ce qu’une analyse des pratiques professionnelles ?

Sujet particulièrement complexe s’il nous fallait considérer chaque terme de l’expression « Analyse des Pratiques Professionnelles ». En revanche, une compréhension simple est possible dès lors que l’on considère le sens et le but attendu du processus.

Autrement dit, des pistes d’explication apparaissent en questionnant son travail d’analyse de pratique. Pour le dire plus simplement encore : lorsqu’on prend conscience de ses actions, l’analyse est faite.

C’est donc en questionnant ses pratiques par l’expression de situations vécues que l’on trouve des pistes d’explication et de compréhension.

Ainsi, l’Analyse des Pratiques Professionnelles est éminemment une démarche de perfectionnement puisqu’elle s’appuie sur les expériences professionnelles afin de les enrichir et de les améliorer.

Cependant, l’Analyse des Pratiques Professionnelles est SURTOUT une démarche formative. Elle est généralement animée par un professionnel (souvent un psychologue) auprès de praticiens travaillant des techniques de postures réflexives sur ce qu’ils font : « en quoi suis-je pour quelque chose dans ce que je ressens, dans ce qui m’arrive ? »
(voir explications pour distinguer l’Analyse des Pratiques Professionnelles et la Supervision.

Comment fonctionne une analyse ?

COMMENT FONCTIONNE UNE ANALYSE ?

Demande

1- la demande

Constituer un groupe d’Analyse des Pratiques Professionnelles s’appuie obligatoirement sur une demande expresse des participants.

Ceci est la toute première condition qui autorise les participations effectives dans une ambiance d’intimité. Cette condition est sine qua non afin d’éviter les résistances et risquer l’échec.

Ceci étant posé, il y a quelques principes organisationnels et éthiques à aborder.

Lieu

2- le lieu

D’abord, il convient de légitimer, si possible, un lieu pour se réunir de PRÉFÉRENCE en dehors de la prégnance institutionnelle, même si une salle, mise à disposition par l’entreprise ou l’administration, peut faire éventuellement l’affaire.

Nombre_de_participants

3- le nombre de participants

Idéalement, un groupe de sept ou huit personnes permet un rythme vivant et dynamique. Au delà de douze participants, il est préférable d’envisager une autre technique d’Analyse des Pratiques Professionnelles : l’Analyse des Pratiques Professionnelles selon le champ de la psychologie sociale (A3p). Cette méthode permet d’accueillir jusqu’à vingt personnes et appelle à la mise en œuvre de tâches du champ de la systémie.

Rythme_et_durée

4- le rythme et la durée

Pour la méthode classique, la durée est généralement de 2 à 3 heures tous les mois. Pour la méthode psychosociale, elle est de 3 heures toutes les trois semaines. Bien entendu, ces conditions sont adaptables.

Posture

5- La posture de l’intervenant

L’intervenant est le garant du cadre établi concernant les échanges. Sur ce point, il régule le groupe pour respecter les silences, la distribution de la parole… jusqu’à ce que le groupe s’autorégule. Il considère que les véritables experts sont les participants : d’abord celui qui expose, ensuite ceux qui écoutent.

Il est aussi un accompagnateur-animateur. Il met en exergue et clarifie les bonnes questions : celles qu’on se pose et celles qu’on ne se pose pas.

Il peut être quelquefois un médiateur afin de réduire les situations conflictuelles.

Ecoute

Analayse des Pratiques Professionnelles - QCQC Photo

6- l’écoute active

L’écoute active du récit et la bienveillance face à l’expression de la douleur de chaque participant est centrale et indispensable : l’Analyse des Pratiques Professionnelles est le ‘lieu’ qui permet d’exprimer sa souffrance psychique et vise à élaborer des pistes d’amélioration en redonnant du sens à ce qui est vécu.

Améliorations

7- la recherche d’améliorations

Chaque récit exposé est interrogé pour reconstruire l’action sous un angle de vue différent. C’est souvent un travail collégial d’interrogations, puis d’une maturation de ces interrogations qui permet les hypothèses explicatives et compréhensives des situations.

Confidentialité

8- La confidentialité

La confidentialité des échanges lors des séances d’Analyse des Pratiques Professionnelle contribue à la confiance entre les participants et l’animateur.

Néanmoins, cette confidentialité peut ne pas être un ‘silence total’ envers la direction. En effet, dans certains cas, avec l’accord de tous les participants, et en veillant à préserver l’anonymat, il peut être décidé d’effectuer des retours ponctuels et impersonnels sur l’avancée du travail. Cette décision, lorsqu’elle est prise, est délicate car elle exige un équilibre entre ‘en dire un peu’ et ‘ne rien dire’.

C’est rarement l’animateur qui effectue ce travail de retour de contenu, c’est généralement un ou des membres du groupe qui s’en charge.

En revanche, l’animateur effectue un bilan anonyme en fin de prestation (généralement annuel) dans lequel il expose au commanditaire le fonctionnement et les thématiques abordées, toujours globalement et anonymement.

Statut

9- Le statut de l’intervenant

L’intervenant d’un groupe d’Analyse des Pratiques Professionnelles doit être strictement externe à l’institution et non dépendant de cette dernière.

Par voie de conséquence, il ne doit avoir aucun lien hiérarchique, ni être connu personnellement et ni, à fortiori, avoir déjà des relations personnelles avec les participants.

Attention : IMPORTANT !

Important / Attention !

le financement des Analyses des Pratiques Professionnelles ne peut pas se faire sur le budget formation. En effet, l’APP ne répond pas à une action de formation au sens de l’article L920-1 du Code du travail, mais à une prestation d’accompagnement ou de conseils, au même titre que la supervision, les groupes de paroles ou le coaching.

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  3 réponses sur “l’analyse des pratiques professionnelles”

  1. Pascal Tolla Très bon article qui reprend de façon synthétique l’histoire des origines de l’APP. Pour répondre à l’invitation de Jean-Marc, je lance donc le débat.
    Comme le souligne Jean-Marc, l’APP peut couvrir un vaste nombre de champs. Aussi dans un contexte d’entreprise où les rapports entreprise/salarié ou salarié/salarié sont fort différents, une des richesses de cette discussion pose la question suivante : de quelle façon transposer cette pratique professionnelle utilisable pour tous ?
    Pour ma part, il me semble que deux logiques doivent se rapprocher. D’un côté, l’approche de la psychologie, qui aurait plutôt tendance à étudier le champs des difficultés, de l’autre côté celui que je qualifierais de psychologie positive (faute de mieux, mais peut-être auriez vous une terminologie à proposer) portée sur le développement des personnes et des organisations plus facilement utilisable dans ce contexte E/S ou S/S.
    A vous lire …

  2. Bonsoir Jean Marc, le sujet que tu as proposé sur l’analyse des pratiques professionnelles et ou supervision m’intéresse particulièrement. Car c’est ce que je fais déjà et j’aimerais en faire plus dans les institutions et les entreprises. C’est une pratique professionnelle passionnant.
    J’espère trouver un peu de temps à en écrire plus sur ce sujet et continuer la discussion.
    Bien à toi et bonne fête de fin d’année,

  3. Anne BrugeLes formateurs et les entreprises se sont aperçu que les bénéfices d’un apprentissage, de quelque nature qu’il soit : technique, fondamental ou comportemental, étaient beaucoup plus durables si la pratique avait eu sa part lors de la formation et l’analyse (ou l’échange de pratique) avait été mis en oeuvre comme suivi, quelques temps après la formation.
    Si on apprend à faire du vélo avec un livre ou une vidéo, les premiers pas ne sont pas évidents…..Si on apprend à faire du vélo avec un vélo et un accompagnateur, c’est plus facile. Mais si on laisse le vélo de coté pendant des mois, des années, …on est un peu rouillé et on aborde les premiers tours avec appréhension.
    Pour le management ou d’autres apports liés au comportemental, il en est de même. Plus la pratique est régulière et plus les échanges de réflexion autour de cette pratique sont possibles ou organisés, mieux se porte le Manager!