Jan 252014
 
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Médiation et changement : Le travail de deuil
De la Roue de Hudson au Cercle de Fiutak

Changement ISRI - Roue d'Hudson et cercle de Fiutak - Photo Fiutak

Thomas FIUTAK

La médiation est un processus qui accompagne des individus en situation de conflit ou de rupture (nous parlerons plutôt ici d’un couple). L’objectif étant de  mieux communiquer, de redessiner l’organisation familiale, et de progresser dans  la  voie d’une résolution à l’amiable du conflit.

 

Médiation et changement

Médiation et changement : le travail de deuil d’hudson à fiutak

Médiation et changement : le travail de deuil d’hudson à fiutak

La médiation est un processus qui accompagne des individus en situation de conflit ou de rupture (nous parlerons plutôt ici d’un couple). L’objectif étant de  mieux communiquer, de redessiner l’organisation familiale, et de progresser dans  la  voie d’une résolution à l’amiable du conflit.

La médiation se traduit par l’organisation régulière de rencontres confidentielles autour d’objectifs précis annoncés par les participants en début de rencontre.

Le médiateur occupe une posture de tiers indépendant, neutre, et impartial, qui va mettre en place autour des personnes un cadre sécurisant pour elles, à partir de règles à respecter. Il va aider des personnes , fragilisées par des bouleversements de leur vie familiale, à intégrer et comprendre ce qui leur arrive afin d’envisager de manière consensuelle l’avenir. Elles trouveront leurs propres solutions et iront à leur rythme en se servant de leurs ressources et compétences personnelles.

Le médiateur va les conduire au fil des séances à changer leur vision, leur représentation de l’autre, et celui qu’ils ont diabolisé redeviendra à leurs yeux un être humain sensible, qui ressent tout comme eux de la souffrance, de la détresse. La communication s’installera peu à peu grâce au médiateur qui facilitera les échanges. Les personnes se parleront directement jusqu’à élaborer ensemble des accords mutuellement acceptables.

Néanmoins, des chercheurs comme Busch et Folger en 1994 présentent la médiation familiale comme un moyen de transformation personnelle des individus. L’effet du processus serait donc évalué non pas par l’aboutissement à un accord, mais par le fait de parvenir à un changement d’attitudes et de comportements. L’accord conclu entre les participants serait secondaire.

Il existerait donc selon ces chercheurs une réelle transformation, un changement, de l’individu ayant effectué une médiation, un changement aussi dans la relation et son mode de communication entre eux.

Ce cheminement des personnes, grâce au processus de médiation qui laisse une place prépondérante au temps, est schématisé grâce au Cercle décrit par (dans « » (2009) « the Fiutak Mediation Circle ».

Thomas Fiutak, professeur de négociation et de médiation à l’Université du Minnesota, propose un schéma de déroulement d’une médiation tiré du modèle de la négociation raisonnée de FISHER et URY en 1982. Dans ce modèle, une dynamique se crée en médiation qui entraine les participants à traverser quatre phases.
Ces étapes seraient-elles nécessaires à un mûrissement psychologique qui correspondrait à un processus de deuil ?
Voici ces quatre phases :

Changement ISRI - Roue d'Hudson et cercle de FiutakLe cercle de FIUTAK :

Identification du problème : le QUOI ?

La phase 1 est celle de l’identification du problème, la phase du Quoi ?

Les participants exposent la phase visible de leur conflit, avec rancœur, et parfois agressivité. C’est la guerre de position. Le médiateur joue ici un rôle directif, d’information sur le déroulement de la médiation, et les règles éthiques de fonctionnement. Les participants évoquent leur situation actuelle, le contexte, et leurs souhaits pour l’avenir.

le POURQUOI ?

La phase 2 est la phase du Pourquoi ?

Dans cette phase, il s’agit de faire surgir les besoins des personnes derrière leur prise de position. Le médiateur va questionner les parties pour déceler et approfondir en demandant pourquoi ? (Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ? pourquoi avez-vous été amené à faire cela ?) Quels sentiments et quelles valeurs se cachent derrière les arguments de l’un et de l’autre ?

Le médiateur doit vérifier et faire valider par les parties qu’elles ont bien compris la position de l’autre, et qu’elles ont été comprises. Il les amène à une prise de distance au conflit, et à un changement d’attitude par rapport à leur position.

Avant de passer à la troisième phase, celle de la compréhension réciproque, ou l’accord sur le désaccord. qui est un moment décisif, car chacun reconnaît une place à l’autre, le médiateur doit s’assurer que les parties ont reconnu réciproquement la position de l’autre, comme différente de la leur, c’est une étape indispensable vers la recherche de solutions.

Le COMMENT ?

La phase 3 est la phase du Comment ?

Lorsque chaque partie a compris les besoins et les sentiments de l’autre, le médiateur propose un temps de réflexion, où les idées de solutions sont listées par les deux parties, c’est la phase de la créativité. (« Nous allons imaginer des pistes de solutions, rechercher des idées ») Le médiateur note toutes les propositions des parties en vérifiant l’exhaustivité.

Le COMMENT, finalement ?

La Phase 4 est la phase du Comment finalement ?

Le médiateur reprend les solutions une par une, les fait valider, ou abandonner, par les deux parties, il les classe, les hiérarchise, dégage des points d’accord, et de désaccord, et peut mettre par écrit les accords des deux parties. Les parties peuvent aussi parvenir à un accord verbal.

La médiation peut ne pas arriver à un accord, ce n’est pas son but premier. L’essentiel est la reconnaissance réciproque de l’autre et de ses besoins.

Le cercle de Fiutak, dit de la résolution de problèmes, pourrait sur certains points se rapprocher du Schéma de la Roue de Hudson. Pourquoi ?

Le modèle de Hudson qui permet d’illustrer les phases du changement chez un individu, parle aussi de quatre phases.

La phase 1 est une phase de « lancement » (qui rappelle la phase du Quoi ?) car c’est une phase où on analyse le présent pour se projeter dans l’avenir ;

La phase 2 est une phase de « Désynchronisation » (Qui rappelle la phase du Pourquoi ?), où on fait le point, on réfléchit, on se décentre de conflit pour sur se recentrer sur ses besoins ;

Ensuite, la phase de transition pourrait s’apparenter à l’accord sur le désaccord, phase décisive qui fait basculer l’individu dans une étape de recherche de solutions.

La phase 3 est une phase de désengagement, de créativité, où on commence à se projeter et modifier sa vision de la situation.

La phase 4 est la phase de réintégration, de renouveau, où on trouve des solutions, peut-être des accords, où on tente des expérimentations, où on s’engage dans un autre versant de sa vie, où on retrouve la confiance et l’estime de soi et de l’autre.

La médiation peut être cet espace de parole qui accompagnera les personnes dans ce travail nécessaire de deuil. En effet, les étapes nécessaires au travail de deuil, que ce soit la perte d’un être cher, un divorce ou une perte d’emploi, nécessitent de passer par des étapes où on ressent un choc, l’incompréhension, la colère, puis peu à peu vient à la conscience qu’il vaut mieux reconstruire l’avenir pour se reconstruire.

L'auteur

Pour en savoir +

Lire aussi sur ce thème : La roue de Hudson
Voici une vidéo de Thomas Fiutak sur l’Équilibre et empowerment (2006)

Le médiateur dans l’arène : Réflexion sur l’art de la médiation
de Thomas Fiutak

Date de publication : 12 février 2009 | Série : Trajets
La médiation est de plus en plus sollicitée pour des conflits de toute nature. Contrairement aux apparences, il s’agit d’une activité très complexe qui nécessite une formation spécifique. En effet, le médiateur est toujours confronté à l’inconnu, au doute et au chaos relationnel des personnes en conflit qui le voient souvent comme leur dernier recours. Pour être efficace, il a besoin de réfléchir à son éthique et à son rôle ; de connaître ses réactions personnelles face au conflit et au pouvoir. Il doit s’entraîner à être à la fois acteur et observateur. Sa posture est extrêmement délicate à acquérir et à respecter quelle que soit la nature des conflits traités.
Cet ouvrage constitue un précieux outil de formation et un miroir intelligent pour tous les médiateurs qui, au fil de leur activité, se trouvent confrontés à leurs propres limites et à leurs doutes. L’auteur apporte une vision rafraîchissante et créative de la médiation. Grâce au concept de «l’arène authentique», il montre que la médiation n’est pas un processus isolé mais qu’elle est une action qui s’inscrit dans un contexte socioculturel et qui a un impact sur la société. Les paradoxes, les métaphores et les nombreux cas exposés facilitent la compréhension et la réflexion du lecteur, qu’il soit professionnel ou étudiant, concerné par les situations conflictuelles ou simplement citoyen, salarié, parent, consommateur, voisin…
Universitaire et médiateur, Thomas Fiutak a fondé le Centre de gestion des conflits et de médiation, à l’université de Minneapolis (Minnesota) aux Etats-Unis. Professeur au Business Center de la Pontifica Universidad Catolica à Lima (Pérou). Pédagogue hors du commun, il a formé des centaines de médiateurs dans de nombreux pays. A la fois théoricien et praticien, il s’est inspiré de ses diverses expériences pour élaborer son propre modèle de médiation. Cet ouvrage, écrit en collaboration avec Yvette Colin et Gabrielle Planès, en présente les éléments fondateurs.

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  Une réponse sur “médiation et changement : le travail de deuil d’hudson à fiutak”

  1. Articles très riches. Merci pour ces partages.