Déc 132012
 
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Ethique ISRI
Réflexions sur l’éthique

Dossier ISRI FRANCE

GÉNÉRALITÉS

D’après l’éthique de Jean-Armand HOURTAL(1)17/10/05, docteur en sciences Humaines, diplômé universitaire d’éthique de la médecine

DEUXIÈME PARTIE
L’ÉTHIQUE, RÉFLEXIONS ET APPLICATIONS : GÉNÉRALITÉS
Ce dossier sur l’éthique est composé de trois parties :
un résumé, des généralités et un développement.
Le lecteur peut prendre la mesure du travail effectué en lisant le résumé. S’il souhaite en connaître les fondements, il lira avantageusement la partie généralités. Enfin, pour tenir comme certains les propos du résumé, il lira soigneusement la partie développement.
De manière connexe, le lecteur peut effectuer un . Nous allons tenter d’approcher l’idée de l’éthique par quelques généralités, par la suite nous approfondirons la notion en entrant davantage dans son intimité.

 

Question de départ

Question de départ

Quand, dans la civilisation Grecque, voici environ 2500 ans débuta la réflexion philosophique sur l’éthique, c’est à dire sur la vie juste, la question initiale n’était pas de savoir ce que l’homme doit faire, mais ce que l’homme veut faire véritablement et fondamentalement. Les Grecs pensaient que si l’homme a compris ce qu’il veut, il saura aussi ce qu’il doit faire pour mener une vie juste. Cette idée, tout a fait pertinente est toujours actuelle.

Le mot Ethique de notre langue française provient, vers 1265, du mot Latin savant Ethica (morale dans le sens de partie de la philosophie) lui-même emprunté au grec Ethikon, êthicos (qui concerne les mœurs) dérivé de êthos (manière d’être habituelle, caractère).

Comme l’a fait avant moi le philosophe Paul Ricœur je propose de distinguer pour des raisons de clarté de l’exposé, entre l’éthique et la morale.

  • L’éthique serait alors le questionnement qui précède l’idée de loi morale. L’éthique se situe à la pointe des interrogations, elle est au devant des questions, elle fraie les chemins et envisage des ébauches de réponse. L’éthique hésite parfois, doute souvent dans les applications pratiques, mais elle s’efforce toujours de progresser vers le meilleur ou le moindre mal, elle cherche laborieusement au risque de l’erreur.
  • La morale serait ce qui dans l’ordre du bien et du mal se rapporte à des lois, des normes, des impératifs. La morale recommande de faire ceci ou de s’abstenir de cela en raison de règles diverses. La morale se réfère à une autorité préexistante réelle ou imaginaire, temporelle ou spirituelle. La morale prescrit : « tu feras ceci et ne feras pas cela », elle est conviction, certitude dans la théorie mais contrainte dans la pratique.

Mais pourquoi avons-nous besoin d’interroger l’éthique et la morale ? Ceci revient à s’interroger sur la signification du « bien », « mal », bon », « mauvais », « juste », « injuste ». Nous tenterons ainsi de mieux comprendre ce que nous appelons l’éthique, les vertus, les valeurs, enfin tout ce qui produit les règles, les normes et les lois et guide notre conduite.

Sur le 'bon' et le 'mal'

Sur le « bon » et le « mal »

Que peut signifier réellement la notion de « bon » ?

Prenons un exemple : Si votre médecin vous dit « il est bon que vous restiez au lit » il serait utile de préciser « bon pour vous » et mieux encore  » c’est bon pour vous de rester au lit si vous voulez être rapidement rétabli de votre grippe ». Ce mot « bon » est valable si votre santé est le point le plus élevé dans la hiérarchie de votre intérêt. Il se pourrait qu’une situation d’urgence vous amène à ne pas rester au lit (par exemple : un incendie dans votre chambre). Est-ce que le mot « bon » du médecin n’est plus valable ? Non bien sur, mais il est des circonstances qui veulent que la priorité vitale n’est certainement pas de rester au lit.

Prenons encore l’exemple d’un salarié qui fait des heures supplémentaires. Ces heures de travail en plus (si elles sont rémunérées) sont « bonnes » pour la paye mais « mauvaises » pour la vie de famille et pour la santé. On peut aussi penser qu’une autoroute est « bonne » pour améliorer la circulation, mais « mauvaise » pour les riverains. Nous pouvons encore imaginer qu’un chirurgien puisse faire du « mal » en opérant son patient afin que ce dernier puisse avoir sa vie sauve, ce qui est habituellement considéré comme un « bien ». Le fait qu’une action soit bonne dépend toujours de la totalité des circonstances, des contextes et des situations. Ce sera donc par rapport à une situation relative que nous pourrons tenter de hiérarchiser ce qui semble plus ou bien « bon » dans l’échelle des valeurs.

Ce qui précède pose la question du « bon » ou du « bien » dans la vie de tous les jours, celui du monde relatif. Mais peut-on considérer l’existence d’un bien ou d’un mal absolu ?

D’une manière générale le « mal » est plus facilement et rapidement perceptible que le « bien ». On remarque en effet une certaine asymétrie entre les « bonnes et les mauvaises actions ». Il n’existe que très peu de façon d’agir pouvant être estimées « bonnes » toujours et partout. Curieusement, ce qui est vertu, comme l’amour de son pays, de sa religion ou l’obéissance à son chef est justement ce qui produit les pires tourments, comme les guerres, les persécutions et les génocides. Ce ne sont pas des prostituées, des ivrognes ou des brigands qui ont inventé l’inquisition, la guerre bactériologique ou les famines organisées. Ce sont de respectables théologiens, des savants nobélisables et des patriotes au-dessus de tout soupçon. En outre le « dangereux terroriste » pour les uns, sera considéré comme « un valeureux résistant » par les autres. Et ceci au gré des circonstances historiques, des points de vue dominants et de la puissance des médias.

Nous pensons néanmoins que les « bons » soins des parents envers les enfants sont une chose « bonne ». Dans d’autres domaines, l’impartialité du juge est considérée partout comme une vertu et en temps normal nous apprécions universellement le respect d’une parole donnée. Par contre, il y a des façons d’agir qui sont, indépendamment des circonstances, toujours mauvaises, parce que, par elles, on nie de façon immédiate et définitive la dignité de la personne

Nous pensons que l’assassinat de femmes et d’enfants ne peut jamais se justifier, même en temps de guerre, même en obéissance à un ordre venant de supérieurs, même cet ordre venait directement d’une « révélation divine ».

Nous pensons que la torture par ses parents d’un petit enfant de deux ans parce qu’il fait pipi au lit est définitivement dans le domaine du mal. Nous trouvons la torture mauvaise parce qu’on ne doit jamais torturer un enfant. Cela est valable dans chaque pays, dans chaque culture et dans l’ensemble de l’histoire des hommes et rien ne peut justifier une conduite différente.

Critères du 'bien et du mal'

Critères du « bien et du mal »

Qu’est ce qui peut servir de critère, pour déterminer le bien et le mal (ou bon/mauvais ou encore juste/injuste) ? Nous faisons référence à la conscience profonde de la personne, (pourvu qu’elle soit en état de fonctionner, ce qui n’est pas une situation généralisée ! ) Dans les meilleures des cas, la conscience témoigne de la présence d’un point de vue absolu dans l’humain qui est un être fini. Et ce point de vue essaie de s’exprimer, même maladroitement sur ce qui est le bien, ce qui est bon, et ce qui est juste.

Posons un premier jalon : si la conscience n’approuve pas une chose, cette chose ne peut être bonne. Par contre, ce qui est en accord évident avec la conscience doit quand même être examiné. La conscience n’a pas toujours raison, car les autres instances de l’être (le corps physique et ses besoins, les 5 sens et leurs mirages, l’ego et son point de vue partiel) peuvent l’induire en erreur.

Même si la conscience en état de fonctionnement permet habituellement de discerner entre le bien et le mal, elle n’est pas un oracle absolu. D’ou l’importance d’examiner toutes choses (le mal comme le bien, mais il convient d’examiner avec plus d’attention ce qui semble « bien » a priori car la « bonne conscience » permet trop souvent de justifier les pires crimes). Il convient de faire évaluer son jugement par celui d’autrui, de ne pas négliger les leçons de l’histoire, de se méfier des évidences, de savoir douter, de parfois s’abstenir et, lorsque cela est possible, de laisser « du temps au temps ».

Diverses conceptions du 'bien et du mal'

Diverses conceptions du « bien et du mal »

Si nous restons sur la question du « bon » et du « bien », on a souvent écrit et dit que le vouloir de l’être humain porte sur le plaisir et l’absence de souffrance. Cette conception n’est pas nouvelle, elle s’appelle « l’hédonisme » (du mot grec « hedone = plaisir »).

Il existe deux variantes de l’hédonisme : la positive qui met l’accent sur la maximalisation du plaisir, c’est la posture de ceux qui ont les moyens d’accroître leurs désirs. La posture négative est celle qui met l’accent sur l’éloignement de la douleur, elle est plutôt ascétique et le « bien » consiste à contenir les désirs dans des limites étroites afin de restreindre les frustrations possibles. Cette dernière posture est l’opinion du philosophe Grec Epicure, elle est liée à la santé car le plaisir à long terme suppose de se maintenir en bonne santé.

Selon Freud, le fonctionnement de la petite enfance se comprend à l’aide de deux concepts : « principe de plaisir » et « principe de réalité ». Le père de la psychanalyse considérait l’ensemble de la vie comme une tentative de compromis entre ce que nous voulons réellement – un assouvissement illimité de la libido- et – l’adaptation à la réalité qui s’oppose à cet assouvissement -.

L’affirmation de Freud est-elle fondée ? Pouvons-nous accepter son modèle du fonctionnement humain. Ce modèle du principe de plaisir et du principe de réalité apporte-t-il l’explication sur les agissements humains ?

Imaginons une personne placée sous narcotique dans un bloc hospitalier. Cette personne est dans un état d’euphorie complète et continue. En effet, par un système de perfusion, il lui est injecté en permanence « une drogue du bonheur ». Le savant indique que cette personne restera 50 ans ou plus dans cette situation et après on ajoutera au narcotique une substance qui tuera le patient sans douleur et sans le réveiller de son rêve enchanté. Qui accepterait parmi vous d’être placé dans cette situation ? Nous pouvons penser que rares seraient les personnes souhaitant « vivre » cette expérience. On peut donc conclure que ce qui intéresse les humains n’est pas simplement le plaisir, mais de poursuivre une vie souvent ordinaire, avec des voisins habituels et des soucis quotidiens mais dans le monde de la réalité.

Nous pourrions prendre un autre exemple : imaginez ce que serait notre vie si nous ne devions jamais mourir ? Quel sens aurait-elle ? Que ferions-nous de notre temps s’il n’était plus aussi précieux ?

Vous commencez peut être à découvrir que l’éthique pose des questions difficiles ?

Examinons à présent deux positions extrêmes pour approcher la relativité dans l’éthique :

1ère thèse :

Tout homme devrait suivre la morale établie dans la société où il vit : Ceci dit en passant il s’agit d’un modèle habituel chez les sociétés « conservatrices » :

  •  contradiction par le fait qu’une norme universelle est posée
  • contradiction car la société n’a pas une seule morale établie (exemple de l’avortement)
  • contradiction car la plupart des sociétés ont été fondées par des personnes qui ont mis en cause l’ordre établi.

2ème thèse :

Tout homme doit agir selon son bon plaisir et trouver son bonheur comme il l’entend

  • cette thèse est amorale dans le sens que le « bien » est uniquement celui de l’individu (et que les autres crèvent)
  • en fait chacun fait ce qu’il veut, à l’exception près que, puisque l’homme ne peut vivre seul, il doit donc nécessairement intégrer le « bien » de l’autre dans sa propre existence. S’il veut trouver son bonheur comme il l’entend, il rencontrera aussitôt l’autre qui pense et fait et veux la même chose.

Indiquons simplement deux positions éthiques irréductibles selon le sociologue Max Weber :

  • l’éthique de la conviction, (ou déontologique) c’est celle des personnes qui, par exemple, en aucune circonstance, n’admettent la mort d’un humain. Cette vision nomme « bonne » ou « mauvaise » une action concernant la vie d’un être humain, sans considérer les conséquences à court ou à long terme. (Cette posture se rapproche de celle du pacifiste absolu qui refuse toujours et en toutes circonstances de « prendre les armes » ou encore celui qui pratique l’acharnement thérapeutique au nom d’une idéologie de la vie).
  • l’éthique de la responsabilité, c’est par exemple celle du politicien qui augmente le potentiel militaire de son pays en vue de créer un effet de dissuasion et de diminuer la probabilité d’une guerre. On l’appelle aussi « téléologique « ou « utilitarisme ».
Comment fonder une éthique universelle ?

Comment fonder une éthique universelle ?

Dans les paragraphes qui précèdent nous avons approché la difficulté de définir un ordre de valeur, c’est à dire une éthique universellement acceptable.

Pour tous les individus qui adhèrent à une croyance religieuse, le problème du bien et du mal est clairement réglé dans leurs textes sacrés (Bible, Coran, Nouveau Testament, Gîta). Pour ces personnes, le fondement de l’éthique est naturellement conforme aux normes religieuses en vigueur dans leur croyance. Il s’agit donc de règles éthiques hétéronomes, car ces règles dépendent d’une autorité extérieure

Pour les personnes qui se réfèrent à une philosophie, à un personnage fondateur, à un gourou mort ou vivant ou encore à une quelconque idéologie (Marxisme, Libéralisme, Maoïsme, et l’ensemble des ismes… etc.) ; la situation par rapport à l’éthique est exactement comparable à la croyance religieuse : cette compréhension de l’éthique est hétérodoxe et a tendance à faire peu de cas de la conscience personnelle.

Par contre, pour les humains qui se réfèrent à une loi intérieure, les fondements de l’éthique doivent répondre à la raison, au bon sens, à l’expérience historique et in fine à la conscience. Il s’agit alors d’une éthique autonome.

En conséquence, les fondements de l’éthique doivent, pour être valides, avoir une portée universelle, répondre à de grands intemporels. Notons en passant que les philosophies et les religions puisent à ce même substrat universel, dans leur théorie tout au moins… Leurs pratiques sont assez souvent éloignées de l’idéal éthique.

C’est dans cette optique que le choix des neuf principes de l’éthique s’est construit progressivement.

  • Les principes de Justice et de Liberté sont issus des travaux de la Commission présidentielle américaine pour l’étude des problèmes éthiques en médecine et en recherche médicale et comportementale.
  • Le principe d’autonomie provient de la première déclaration d’Helsinki en 1964.
  • Les principes de non malfaisance et de bienfaisance sont issus de la tradition médicale, héritière d’Hippocrate.
  • Le principe de communication a été ajouté par le Dr Sann, mon professeur d’éthique, d’après les idées d’Habermas, Lévinas et Goffman.
  • Le principe d’universalité est l’application d’un impératif catégorique, exprimé par Kant dans la « métaphysique des mœurs ».
  • Le principe de cohérence est établi d’après Beauchamp et Childress (Oxford University New-York, 1994) : Il détermine pourquoi l’obligation morale générée par un principe peut être prédominant.
  • Enfin le principe de transcendance est ma participation à cette lente construction. Ce dernier principe pourra, par ailleurs, être contesté par les ultra-matérialistes et les nihilistes de tout poil. Mais arrivé à ce stade de ma réflexion sur la personne humaine, je suis convaincu que l’être humain est plus de la somme de ses parties. De la même manière que l’éthique est plus que la simple addition de chaque principe isolé. Il convient donc de maintenir cette ouverture vers ce qui est encore « mystère ».
L'auteur

Voir la troisième partie sur l’éthique : DEVELOPPEMENT >>>

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  10 réponses sur “l’éthique, réflexions et applications : généralités”

  1. Bonjour Jean-Marc,
    Quelle « planche » ! … non seulement ‘sans savon’, mais praticable par tous et chacun …
    Je prends le temps de la réflexion et je reviens vous « donner » mon grain de sable, tellement ce sujet touchant à l’Ethique est aussi vaste que les océans, et ce sera un réel plaisir de « surfer sur cette vague » …

  2. Pierre COIGNARD (commentaire ISRI)L’Éthique ? Vaste programme !
    Lorsque Kant écrit les « Fondements de la métaphysique des mœurs » il établit que le devoir, au lieu d’être porté par l’expérience, est un idéal de la raison pure, un concept idéaliste, un a priori ou en d’autres termes un jugement excluant toute expérience. Pour lui le devoir emporte la nécessité d’exécuter une action uniquement pour respecter la loi. C’est la conception qui hélas prévaut actuellement et qui se confond généralement et à tort avec la morale.
    Kant a tort d’ignorer l’unicité qui caractérise l’intention du point de vue de la morale. C’est ce que Nietzsche démontre en mettant en évidence l’égoïsme de la pensée kantienne mais aussi son côté abstrait, irréaliste qui ne tient jamais compte de l’humain en le supprimant purement et simplement des faits. Selon Nietzsche, celui qui n’accomplit pas son devoir affronte sa mauvaise conscience et de ce point de vue il stigmatise la morale, justement parce qu’elle le conduit à une culpabilité dès lors qu’il tente une affirmation de lui-même. Pour Nietzsche la morale est une invention, un mythe dont le seul but est de rassurer les décadents, les faibles, les réactifs, qui de ce fait établissent une domination sur leurs semblables qui se voient alors contraint pour ces mêmes raisons à réprimer leur volonté de puissance ou leur force vitale.
    Ces gens, du point de vue de Nietzsche sont les ecclésiastiques de tous bords.. Au 21ème siècle ces gens n’ont pas disparu et cela quelle que soit la religion évoquée. Et pas seulement celle des mosquées ou des églises mais aussi celles de la politique. Ces valeurs issues de croyances étriquées parce que déclarées universelles s’opposent à la pensée nietzschéenne. Lui, croit certes en une transcendance, en une sagesse mais il hait avec raison ceux qui condamnent le monde alors qu’eux mêmes disposent d’une faiblesse qui trahit sa puissance. et qui au nom de concepts aussi vrais de des épiphanies tentent par tous les moyens de le formater.
    Nietzsche voit le devoir comme une dette. Les religions et la morale imposent à chaque homme, dès sa naissance une dette infinie. Comme Sisyphe qui roule une pierre éternellement, l’homme est contraint de payer sans fin une dette originelle qualifiée de faute pour ce qui est du capital et de repentance pour ce qui est des intérêts. En vérité, devoir c’est avoir une dette envers quelqu’un permettant de cette façon que ce dernier ait une emprise sur nous. Mais que doit réellement l’homme à ce juge Kantien ?
    Nietzsche répond en démontrant que les hommes forts ont été contaminés par les faibles au moyen d’un microbe qu’il nomme « devoir ». Ainsi, les forts deviennent esclaves des faibles, ce qu’il explique :
    « Subtile délégation de la torture à la victime, organisée par des êtres sacerdotaux voulant que les hommes vivent comme une faute ou un péché toute volonté de s’affirmer ».
    Nietzsche rejette à juste titre le monopole transcendantal de quelques apôtres de la raison pure, religieux, politiques etc… Et il a raison car ce n’est pas parce que les valeurs inculquées dès la naissance sont déclarées sacrées que les hommes ont mauvaise conscience ne serait-ce qu’ à l’idée de les transgresser, mais au contraire c’est parce qu’on les a bassinés de mauvaise conscience qu’ils les considèrent comme telles.
    Le Surhomme de Nietzsche n’est pas un super héros, il n’est pas non plus cet espèce de nazi ignoble ni un individu sans foi ni loi. le Surhomme est tout simplement un homme libre.Il vit par delà le bien et le mal, ou en d’autres termes, il a assez de discernement pour distinguer le bon du mauvais et ne laisse à personne le droit de lui dicter ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Il rejette le despotisme des règles pré-établies qui génèrent des jugements de type Kantien c’est à dire institués. Il décide en fait en conscience, seul, par lui-même.
    Je pense comme Nietzsche que nous devons échapper aux carcans que l’on nous impose et que chaque homme doit établir une généalogie des valeurs en se demandant quelles sont les forces qui les justifient et les soutiennent. Là, l’homme devenu libre fonde intelligemment et en raisonnant les obligations auxquelles il désire se soumettre et s’affranchit ainsi de toute contrainte sociale instituée. Par ce procédé, ce moyen humain, les valeurs son ré appropriées. Il n’est alors plus question de morale ni de devoir, mais seulement et véritablement d’éthique. Bergson du reste valide également l’analyse Nietzschéenne. (Lire « les deux sources de la morale et de la religion » ). Kant cependant et c’est le seul point réaliste qui aborde correctement le concept d’éthique, appréhende une vérité non décriée par Nietzsche dans son « impératif catégorique » et seul point relevant d’autre chose que du concept de l’idée pure. Il l’exprime ici:
    « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps, comme une fin et jamais simplement comme un moyen  » (E. KANT)
    La transcendance exposée dans cet article cité par Jean marc, abolit sa philosophie en imposant une vision Kantienne de l’éthique. Car le juge Kantien emblématique dit « je ne sers pas la loi pour ce qu’elle dit mais parce qu’elle est la loi » et l’on ne discute pas la loi. On ne discute donc pas le juge non plus. La fin ne justifie jamais les moyens surtout quand ces moyens la contredisent. Sagesse Nietzschéenne là encore.
    En matière d’affaire l’éthique consiste donc à se voir soi-même comme un autre. en se posant la double question Cartésienne :  » Que suis-je par rapport au tout auquel je suis lié et quel rapport dois-je entretenir avec cette totalité ». Réponse : » Il faut toujours préférer les intérêts du tout dont on est partie à ceux de sa personne en particulier ». Ce qu’en terme d’affaire on appelle un rapport gagnant/gagnant dans le respect du client qui de ce fait en vient naturellement à considérer le commercial comme un « conseiller » au lieu de le voir comme un représentant.
    Pierre COIGNARD / Christian PIRAT
    Consultants en Développement Commercial des Entreprises
    Cabinet CP&PC – 9, Traverse des Câpriers – 13780 Cuges-les-Pins
    e-mail cpetpc@sfr.fr

  3. Marie de Lattre - GasquetBonjour,
    Le Cirad et l’INRA, deux organismes de recherche agronomique, ont un comité d’éthique commun. Ce comité a émis quatre avis et va bientôt en publier deux autres: avis sur la sécurité alimentaire et les modes de consommation, avis sur les biocarburants liquides, avis sur le partenariat et avis les nanosciences et les nanotechnologies pour l’agriculture.
    Les avis conduisent à réfléchir aux différentes approches de l’éthique (et parfois de la déontologie) et aux questionnements éthiques relatifs à la question étudiée. Selon le sujet de l’avis, le comité a choisi certaines approches de l’éthique.
    Par exemple, dans l’avis sur la sécurité alimentaire, le comité s’est appuyé sur la définition de l’éthique par RIcoeur. Dans l’avis sur le partenariat, il est rappelé ce qu’est l’éthique de la discussion grâce à Habermas. Dans l’avis sur les biocarburants liquides, le comité recommande de revisiter l’éthos de la recherche agronomique.
    Le comité a aussi défini ses propres principes et valeurs.
    Les avis sont disponibles sur http://www.cirad.fr/qui-sommes-nous/organigramme/instances-et-comites/comite-consultatif-commun-d-ethique

  4. Qu’est-ce donc que l’éthique en affaires ? Ce que dit le Droit ? Ce que prescrivent les chartes d’entreprises ? En pratique‚ ce n’est pas si simple. Il serait alors utile d’avoir une idée claire – une bonne théorie – de ce que peut être l’éthique. Pour Bernard Bougon elle se définit selon trois niveaux : celui des individus‚ celui des groupes d’appartenance et celui de l’universel. L’articulation de ces niveaux est problématique dans la vie des affaires‚ ce qui conduit à réfuter toute définition absolutiste de l’éthique.
    http://ecole.org/fr/seances/VA59

  5. Catherine FELIXbonjour, concernant l’application des principes éthiques dans les situations vécues par les personnes au travail, certains courants d’analyse de l’activité recommandent l’usage de la video pour étudier les détails de l’action et non sa projection à partir de protocoles formels. Selon les orientations de la micro sociologie ( Goffman , engagement conjoint) l’expérience concrète du travail, ( des tâches cognitives et sociales à réaliser,) est « processuelle » c’est à dire qu’elle est faite d’enchainements d’actions, et de coordinations avec les co participants ( les pairs ou les usagers) . Il s’agit en rendant compte des détails de l »action de mettre en évidence les manières dont les professionnels traitent les problèmes qui se présentent à eux , les définissent et les résolvent. A partir de ce socle analytique, il est possible de retrouver des principes d’action mais qui seront toujours interprétés en situation, et donc non reproductibles à l’identique..
    bien à vous.

  6. Merci à Jean-Marc et à l’ISRI pour ces sujets Ô combien chers à tout un chacun à partir du moment où il se pose les bonnes questions sur comment tourne notre monde et comment il pourrait mieux tourner.
    Le concept d’éthique, que nous assimilons généralement à des règles de vie nécessaires pour garantir le bien-être des individus au sein de leur communauté est ici tellement bien développé dans ses trois dimensions et à travers ses 9 principes que je constate qu’il englobe toutes les valeurs humanitaires telles que rapportées par les religions, philosophies ou idéologies humanistes. On se rend compte qu’il suffit de les mettre en pratique pour créer une société saine et équilibrée, sauf que la réalité est toute autre et plus complexe…
    Et là, je reviens au tripode : culture, éducation, gouvernance qui caractérisent la plupart de nos sociétés et par extension les espaces fermés que sont nos pays.
    La réalité est que nos sociétés sont loin (d’autres encore plus loin) d’approcher le modèle ainsi décrit.
    Peut-on parler « éthique » ?
    – dans les communautés régies par un système totalitaire comme la Chine, la Corée du nord, la Russie, l’Iran… ;
    – dans un pays ravagé et livré à la violence ethnique-religieuse comme l’Irak, l’Afghanistan et presque partout en Afrique ;
    – dans un autre affamé, aux faubourgs mal famés et meurtriers comme au Sri Lanka, à Bogotá, à Guatemala City …et toujours en Afrique !!!
    Mon constat est que l’Afrique est le continent qui donne l’air de bien se moquer de l’éthique, quoique… je ne suis pas sûr que çà soit totalement vrai car, comme la majorité des habitants de ce continent, je rêve (et ce n’est pas qu’un rêve) qu’un jour prochain nos sociétés seront en mesure d’adhérer à une éthique universelle, pour notre bien-être à tous.
    Quant on y arrivera, et une fois compris et assimilé, comment ce concept peut-il réellement être mis en œuvre pour répondre à nos attentes de bien-être ?
    Comme je suis africain (ce qui n’est pas une distinction mais plutôt une position géographique), mon commentaire portera sur ce beau et riche continent (quoiqu’il reste valable pour les autres pays appartenant au club –défini comme tel et peu enviable- des tiers-mondistes), que je connais mieux qu’ailleurs, pour dire quelles conditions minimales devraient préalablement être mises en place pour aspirer au bien vivre.
    Nos semblables des contrées « développés » (un autre club défini comme tel mais prisé cette fois-ci) de notre monde de plus en plus « ouvert » peuvent-ils ?
    – Ne plus considérer l’Afrique comme appartenant à un autre « monde » (tiers-monde).
    – Ne plus voir les africains comme des êtres sous développés alors que ce n’est pas le cas, c’est le système de gouvernance mis en place qui l’est.
    – Ne plus considérer l’Afrique uniquement du point de vue de ses ressources naturelles.
    – Ne plus considérer l’Afrique comme le terrain de jeu des grandes puissances ou pire encore, leur défouloir-dépotoir.
    – Ne plus interférer dans les affaires internes africaines uniquement pour garantir ses propres intérêts.
    – Intervenir dans les affaires africaines pour développer des écoles, des hôpitaux, des centres culturels où on apprend la culture de l’universalisme, en fait tout ce qui donnerait envie à nos enfants d’apprendre, de bien vivre, de s’émanciper et de s’ouvrir aux autres. Au lieu de cela, on n’arrête pas de décharger dans les contrées africaines des stocks de bombes et d’armes de destruction par toutes les voies possibles. Du coup les enfants d’ici prennent les grenades et les Kalachnikovs pour des jouets et croient que c’est en ayant l’arme à la main qu’on fait sa place dans la société.
    – Ouvrir la voie à l’intelligence africaine en ouvrant les frontières dans les deux sens, ce qui réduira sensiblement les morts violentes par noyade et les trafics malsains en tout genre.
    – Adopter les mêmes règles d’éthiques en cours dans leur pays d’origine quand ils s’installent et investissent dans les pays africains…
    Si tel est le cas et que cette voie s’ouvre réellement, alors j’ajouterai les derniers points manquants à mon optimisme habituel.
    PS : Au cas où mon commentaire ferait sourire certains, c’est normal, et qu’ils se rassurent : je n’ai pas fait mes études dans la cours aux miracles et ce qui est développé ici n’est pas la dernière blague en vogue 🙂
    Mounir.

  7. Philippe MarceauJe vais faire dans l’extrêmement court !
    Pour moi l’éthique peut se résumer de manière global comme suit :
    – Ne pas faire à l’autre ce que je ne voudrais pas qu’il me fasse !
    – Faire à l’autre ce que j’aimerais qu’il me fasse !

  8. http://www.isrifrance.fr/ethique/ethique
    Je rejoins pour une part la définition de l’éthique telle que vous la donnez dans votre article sur linked in ici, à savoir :
    « L’éthique est fondée sur une démarche intérieure s’inscrivant dans le temps qui interroge la visée des valeurs humaines dans leurs relations entre soi-même et ce qui est autre. Elle se construit par une réflexion confrontant, dans le temps, les discours et les comportements…. Son intention s’exprime dans la pensée, la parole et l’action ».
    Par contre sur la dernière partie je ne partage pas votre avis sur deux des principes que vous évoquez à savoir :
    « L’éthique est une prise de risque en direction du bien et du juste …. et de non – malfaisance, de bienfaisance » ;
    à travers lesquels vous prenez parti en attribuant une notion de bien et de mal à la démarche adoptée.
    La notion d’éthique ne renvoie-t-elle pas à une dimension inhérente à chaque individu, existant de fait ou bien faut-il la rattacher à des valeurs que l’on pourrait mesurer, qualifiant quelque chose de ‘’bon’’ comme étant éthique et quelque chose de ‘’mauvais’’ comme ne l’étant pas? Pourquoi faudrait-il la ramener à une norme : Il y aurait ainsi une graduation dans l’éthique de chaque individu, certains auraient une éthique et d’autre n’en auraient pas ? C’est en effet courant de dire qu’une personne n’a pas d’éthique au sens où vous l’entendez, mais c’est pour moi un abus de langage. Prenons l’exemple d’un sujet de société qui divise aujourd’hui la société française qui est celui de l’euthanasie : on voit bien que si l’on se réfère à l’avis de chacun il est impossible de dire ce qui est ou non éthique dans les décisions que peut prendre un individu pour lui-même ou pour un proche, souvent avec une très grande difficulté. Quand bien même un gouvernement ferait changer la loi, pourrait-on dire pour une même décision, qu’avant le vote une personne aurait une certaine éthique et qu’après le vote elle aurait, pour une même décision une autre éthique qui n’aurait pas la même valeur qu’auparavant ?
    Je pense que tout individu a une éthique qui lui est propre, elle peut être vue comme bonne ou mauvaise. Elle renvoie à ses propres valeurs et ses représentations de la vie dans la société dans les domaines que vous évoquiez: la manière de se positionner par rapport aux autres, l’importance donné au groupe par rapport à l’individu, le potentiel de liberté et la manière d’envisager l’avenir, en particulier comment est perçu ce qui se passe après la mort, le mode de gouvernance, l’exploitation des ressources, ….. Chaque individu a cette possibilité de se positionner personnellement sur ce qu’il croit être bien ou mal. Par essence même, la représentation du monde de chacun ne peut pas être totalement partagée.
    Pour nous, l’éthique est associée à un positionnement pris par un individu dans son environnement, à considérer comme un état de fait, ‘’qui s’exprime dans la pensée, la parole et l’action’’ dans les domaines que vous avez cités.
    Au sein du laboratoire européen de la décision, http://www.labodecision.eu , nous avons repéré quatre types de positionnement possibles, quatre environnements éthiques :
    Le premier serait associé à une éthique de « COOPERATION », dans laquelle un individu serait dans une logique de réaliser ses activités, dans quelque domaine que ce soit, en échangeant de manière transparente avec les personnes de son environnement, les informations dont il dispose. S’inscrire dans une telle éthique peut se révéler très dangereuse dans certains cas que nous énoncerons plus loin.
    Le deuxième serait associé au contraire à une éthique de « DEFENSE D’INTERETS MAXIMUM » dans laquelle un individu serait dans une logique de réaliser de ses activités, dans quelque domaine que ce soit, en cachant au moins partiellement, aux personnes de son environnement, des informations dont il dispose. Cette éthique de « défense d’intérêts» n’est pas à priori une éthique qu’on pourrait qualifier de bonne ou mauvaise. Elle correspond de fait, à un instant donné, à une certaine manière de penser, de parler et d’agir. Chaque individu choisissant de s’inscrire ou non dans cette éthique selon sa situation.
    Néanmoins, cette éthique de « défense d’intérêts » peut avoir des conséquences autant ‘’bonnes’’ que ‘’mauvaises’’.
    ‘’Bonne’’- au sens où, dans l’espace public, elle permettrait de tendre vers plus de civilité qu’impose la vie en société démocratique (par exemple des situations de devoir de réserve qu’impose l’exercice d’une fonction qui sont nécessaires au respect du cadre démocratique ) ; ou bien dans un espace privé, (par exemple être fairplay au cours d’un match de foot, qui nécessite de développer des stratégies cachées pour gagner, tout en respectant un cadre prédéfini à l’avance. Ou encore dans une situation de négociation commerciale où il serait risqué pour une entreprise, d’être transparent sur ses marges pour pouvoir assurer sa pérennité, mais tout en respectant le cadre légal).
    Mais aussi « mauvaise » au sens où elle ne serait pas ajustée au cadre de référence défini par le respect des droits de l’homme, c’est à dire dans des situations de violence ou de volonté délibéré de domination d’une personne sur une autre par exemple. Cette manière de vivre avec violence renvoie à un positionnement de défense d’intérêts. Cependant, y compris dans ce cas, on parlera d’une certaine éthique de vie qui fera référence à une norme. On peut regretter que certains individus adhèrent à une telle éthique mais on ne peut pas nier que cette éthique existe.
    Ainsi c’est la situation qui va définir l’ « univers d’éthique » dans lequel il est ou non ajusté de se mettre, plutôt qu’une vision personnelle subjective dont la seule référence serait celle de la personne elle-même. A ce titre il ne pourrait y avoir que de’ bonnes’ éthiques, sinon ^pour lui-même dans la mesure où chaque individu se référant à lui, pourra justifier la raison pour laquelle il communique, pense, agit de telle ou telle manière.
    Le troisième positionnement serait associé aux situations dans lesquelles l’enjeu serait avant tout d’être centré sur l’attention aux individus avec une volonté d’un maximum de transparence dans les échanges entre eux. On l’a nommé une éthique « d’ECHANGE D’ETRE». C’est ce qui me semble, fait souvent référence lorsque l’on parle couramment d’éthique. Se référer uniquement à cette seule manière d’agir dans toute situation aurait pour effet d’occulter une partie de la réalité. On peut se demander de manière tout à fait légitime si le mode de vie démocratique peut renvoyer à une éthique bonne, du fait qu’elle ne serait pas partagée par tous : il n’est pas sûr que toutes les décisions prises qui font référence aux principes démocratiques privilégient en toute situation le respect de la personne humaine, puisqu’il suffit de 50% de la population +1 pour entériner une décision.
    Des organisations africaines par exemple, dans lesquelles le pouvoir de décisions sur la manière de réguler les relations entre individus, n’est pas attribué à un individu par vote démocratique, peuvent s’inscrire dans un mode de fonctionnement éthique tout à fait ajusté aux situations : le respect de l’intégrité physique des personnes ( dans le cadre des scarifications par exemple) qui peuvent paraitre tout à fait contraire au « respect des droits de l’homme » pour des occidentaux ont pourtant un sens éthique parfaitement ajusté au regard de la culture et de l’histoire de certaines population. Il nous semble ainsi que la notion d’éthique bonne, renvoie à l’intention des personnes de nuire ou non, plutôt qu’à l’action et aux résultats eux-mêmes. Cette éthique d’échange d’être, dans laquelle la priorité est donnée au renforcement du lien social (y compris les liens d’amitiés et d’amour) est souvent celle qui fait référence comme « bonne » éthique.
    La quatrième est une éthique de « PROTECTION » des individus, considérés comme les plus faibles dans lequel il y a malgré tout une position de domination du plus fort sur le plus faible. Dans l’espace public ce serait par exemple le cas des forces de l’ordre qui , pour la protection des citoyens sont tenus de cacher des informations pour les protéger (d’un désastre éventuel par exemple ). Dans l’espace privé, se serait la position d’un parent sur son enfant pour lequel il craint un éventuel incident.
    Nous pensons que le positionnement éthique d’une personne est à regarder dans l’instant de l’action, et de ce fait, va évoluer dans le temps : un individu pourra adopter un des quatre positionnements dans une situation donnée, et un autre dans une autre situation.
    Cependant nous concevons que l’intention éthique, réfléchie par essence, peut rester stable dans le temps puisqu’elle renvoie à des valeurs, des croyances ou des représentations sociales, auxquelles les individus restent durablement fidèles.
    Dans une position de coach quelle serait le positionnement éthique le plus adapté ?
    Il nous semble que le choix de l’éthique à adopter est lié aux situations rencontrées par le Coach et le coaché. Seul le système d’éthique de défense d’intérêts maximum avec volonté de domination est à rejeter quelles que soient les situations. Il y a, au moins dans le discours, adhésion au fait que le coaching nécessite le plus grand respect de l’intégrité de la personne, interdisant toute discrimination, en particulier par rapport à son sexe, son statut, son système de valeurs, ses croyances, son niveau de connaissance d’analyse et sa culture, ses capacités et son potentiel d’action. La position du coach oblige au respect des décisions que seul peut prendre le coaché. Ainsi, selon les situations rencontrées, le positionnement éthique dans la manière d’agir dans l’instant, peut changer pour s’adopter à elles. Un seul positionnement éthique, signifierait une incapacité à s’adapter aux situations et aux personnes rencontrées et serait risqué, et dangereux. Il ne permettrait en aucun cas à arriver à objectif fixé au début d’une démarche de coaching.
    Olivier GILLES coach de l’Ecole de la Structuration Psychosociale des Dynamiques Relationnelles dispensé par le Laboratoire Européen de la Décision : http://www.labodecision.eu

    • Soulairol Jean-Marc (ISRI)http://www.isrifrance.fr/ethique/ethique
      Très grand merci pour votre commentaire. On ne peut être qu’impressionné de votre cogitation peu commune et de l’excellente façon de l’exprimer. (comme quelques autres commentaires sur cet article, d’ailleurs !).
      Pour résumer vos propos : si je ne m’abuse, vous vous inscrivez en faux sur les notions de bien et de mal en tant qu’elles ne seraient pas inhérentes à une démarche éthique mais, plutôt, seraient fonction des situations et du regard porté.
      Si mon résumé est correct, je vous rejoins bien volontiers pour dire que le regard porté et les situations influeraient sur les attitudes et comportements et peuvent déterminer, au moins, les « quatre types de positionnement possibles » que vous énoncez mais que je ne qualifierai toutefois pas de « quatre environnements éthiques ».
      Néanmoins sur le fond, je crois sincèrement que vous êtes d’accord avec les développements de l’article. Je m’explique : 
      Il faut préalablement revenir sur le passage de l’article traitant de la signification du « bien », « mal », « bon », « mauvais », « juste », « injuste ». Par là, l’auteur essaye de « mieux comprendre ce que nous appelons l’éthique, les vertus, les valeurs, enfin tout ce qui produit les règles, les normes et les lois et guide notre conduite« .
      Comme vous, l’auteur propose quelques exemples afin de saisir la notion de « bon ». Suggérant les valeurs, il y expose des contradictions apparentes selon le regard porté dans une situation donnée. Ainsi, expose-t-il l’exemple du médecin, celui du salarié. Jusque-là, vos cogitations sont, sinon totalement semblables, tout du moins, similaires.
      Par suite, l’auteur pose la question de l’existence d’un bien ou d’un mal absolu. Là aussi, il présente des exemples pour en arriver à une idée intéressante : celle de l’universalité de l’éthique qui finalement, pour lui, ne peut pas être la conséquence d’un individu, d’une culture, d’une éducation. En effet, comment pourrait-on considérer l’assassinat ou la torture des enfants comme bons, même pour l’assassin ?
      C’est alors qu’ il essaie de décortiquer les critères du « bien et du mal » à partir de la conscience profonde de la personne, « pourvu qu’elle soit en état de fonctionner, ce qui n’est pas une situation généralisée !« , précise-t-il, considérant que « dans les meilleures des cas, la conscience témoigne de la présence d’un point de vue absolu dans l’humain qui est un être fini« . Ce qui pose la question de l’agir humain : à partir de quoi agit-il ? Sa conscience ? sa culture ? son éducation ? ses émotions ? ses impulsions ? un mix de certains de ces critères ? autre chose ?
      L’auteur cherche ensuite à poser des jalons à partir de thèses et antithèses qu’il élabore pour aboutir, finalement, à la proposition de définition que vous connaissez. Ainsi, chemin faisant, il appelle la philosophie, la sociologie, la psychologie, la médecine, la spiritualité pour aborder les diverses conceptions du « bien et du mal » et en conclure : « Vous commencez peut être à découvrir que l’éthique pose des questions difficiles ? ».
      Voici comment il essaie de nous faire toucher du doigt la relativité dans l’éthique par deux positions extrêmes. Cette relativité devrait faire écho, sauf erreur, à vos cogitations en les rejoignant, d’une part, et en invitant le lecteur à distinguer ce qui relève de l’éthique et ce qui n’en relève pas, d’autre part :

      1ère thèse :

      Tout homme devrait suivre la morale établie dans la société où il vit : Ceci dit en passant il s’agit d’un modèle habituel chez les sociétés « conservatrices » :

      • contradiction par le fait qu’une norme universelle est posée
      • contradiction car la société n’a pas une seule morale établie (exemple de l’avortement)
      • contradiction car la plupart des sociétés ont été fondées par des personnes qui ont mis en cause l’ordre établi.

      2ème thèse :

      Tout homme doit agir selon son bon plaisir et trouver son bonheur comme il l’entend

      • cette thèse est amorale dans le sens que le « bien » est uniquement celui de l’individu (et que les autres crèvent)
      • en fait chacun fait ce qu’il veut, à l’exception près que, puisque l’homme ne peut vivre seul, il doit donc nécessairement intégrer le « bien » de l’autre dans sa propre existence. S’il veut trouver son bonheur comme il l’entend, il rencontrera aussitôt l’autre qui pense et fait et veux la même chose.

      Indiquons simplement deux positions éthiques irréductibles selon le sociologue Max Weber :

      • l’éthique de la conviction, (ou déontologique) c’est celle des personnes qui, par exemple, en aucune circonstance, n’admettent la mort d’un humain. Cette vision nomme « bonne » ou « mauvaise » une action concernant la vie d’un être humain, sans considérer les conséquences à court ou à long terme. (Cette posture se rapproche de celle du pacifiste absolu qui refuse toujours et en toutes circonstances de « prendre les armes » ou encore celui qui pratique l’acharnement thérapeutique au nom d’une idéologie de la vie).
      • l’éthique de la responsabilité, c’est par exemple celle du politicien qui augmente le potentiel militaire de son pays en vue de créer un effet de dissuasion et de diminuer la probabilité d’une guerre. On l’appelle aussi « téléologique « ou « utilitarisme ».

      Bref, il me semble que loin d’entrer en contradiction avec vos convictions sur l’éthique, l’auteur, finalement, dit la même chose que vous, du moins, je le pense.
      Enfin, vous posez la question : « Dans une position de coach quelle serait le positionnement éthique le plus adapté ? »
      Est-ce que ça ne serait pas simplement l’application de la définition de l’éthique ?

      L’éthique est fondée sur une démarche intérieure qui interroge la visée des valeurs humaines dans leurs relations entre soi-même, les autres et les choses. Elle se construit par une réflexion confrontant les discours et les comportements. L’éthique est une prise de risque en direction du bien et du juste. Son intention s’exprime dans la pensée, la parole et l’action selon neuf principes fondamentaux : celui de justice, de liberté, d’autonomie, de non-malfaisance, de bienfaisance, d’universalité, de communication, de cohérence et de transcendance.

      Pour nous y aider, voici un « exercice contextualisé collectif sur l’éthique » Test Exercice sur l'Ethique ISRIFRANCE. Il est innovant et gratuit… !
      PS : ce commentaire ne prétend pas refléter la pensée de l’auteur de l’article sur l’éthique, Jean-Armand Hourtal.